Actualités

confinement : vélo ou pas vélo ?

mardi 14 avril 2020

Nous avons été sollicités par de nombreux adhérents qui se posent légitimement la question de l’usage du vélo pendant le confinement.

En effet, depuis le début du confinement, on entend tout et son contraire sur le sujet de la part de différents ministres, de la presse, le tout bien évidemment relayé par de nombreux posts sur les réseaux sociaux.
Dans la grande majorité des cas, le commun des mortels aura retenu le vélo : oui pour aller au travail, faire ses courses, recevoir un soin ... bref pour tous les motifs autorisés sauf pour celui lié à l’activité physique.

Les forces de l’ordre y sont allées aussi de leur interprétation verbalisant de nombreux cyclistes à tort et à travers ou jugeant de la nécessité ou non d’un achat, notion somme toute très subjective.

Des voies vertes ou pistes cyclables ont été fermées ici et là car associées dans les esprits à une pratique de loisirs alors que celles-ci servent également à de nombreux vélotaffeurs. C’est également le cas de certains parcs ou espaces verts engendrant des coupures urbaines qui peuvent fortement allonger les distances, notamment pour les piétons.

Voici un article qui résume bien la situation :https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/coronavirus-confinement-peut-on-utiliser-son-velo-faire-peu-activite-physique-quelles-conditions-1813454.html

Isabelle Lesens a rédigé un article sur son blog qui relate les contradictions depuis la publication du décret.

Vous pouvez également consulter l’expertise juridique de Ludovic Duprey interrogé par Weelz dont il est question dans l’article de France 3 Hauts de France.

Il en ressort logiquement que seuls les textes de loi font foi. En l’occurrence, il s’agit en ce qui nous concerne du décret 2020-293 du 23 mars.

Ce texte n’excluant pas le vélo quelque soit le motif, y compris pour l’activité physique, celui-ci est donc légalement autorisé dans le strict respect du décret.

Il serait donc possible de faire de l’activité physique sur son vélo seul dans un rayon d’1km autour de chez soi et dans la limite d’1 heure.

Le vélo pour faire de l’activité physique : rêvons un peu

1 km de distance c’est peu à l’échelle du vélo néanmoins cela représente une surface théorique de plus de 3 km2 et un cercle de plus de 6,2 km de circonférence. Si on ajoute l’aller retour du centre jusqu’au bord du cercle, on pourrait faire facilement un parcours de plus de 8 km. Mais si on ne se limite pas à faire un simple tour, les plus téméraires arriveront à créer un parcours entre 15 et 20 km sans jamais emprunter la même rue. Sachant que certains critériums comme le Guidon d’or Hellemmois consiste à faire 80 fois une boucle d’1 km, il n’y a pas de raisons qu’un cycliste sportif n’arrive pas à se dépenser un peu dans un rayon d’1 km autour de chez lui.

Par exemple, admettons que nous soyons confinés au beffroi de la mairie de Lille, voici un petit parcours qui permettrait de faire une sortie vélo : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/sortie-velo-confinement-beffroi-de-lille_444490#15/50.6300/3.0684
La boucle fait 6 km et il y 1,5 km A/R depuis le beffroi pour rejoindre la boucle. On pourrait donc faire facilement au choix 7,5 km 13,5 km, 19,5 km, 25,5 km.
Cependant n’oublions pas que, même si le trafic est apaisé, il faut respecter le code de la route, notamment les stops et les feux (qui ne sont hélas pas tous équipés de cédez le passage cycliste M12). C’est pour cette raison qu’il me parait difficile de faire plus de 25 km en 1 heure en étant confiné en ville d’autant plus que ce n’est pas le moment de finir aux urgences. Pour limiter la sortie à une heure, il suffirait de prendre le chemin de retour à la zone de confinement au bout de 55 minutes (on n’est jamais très loin).

C’est une bonne nouvelle théorique pour ceux qui ne peuvent pas courir.

Toutefois, je rappelle que cet article n’a pas pour objet d’inciter au non respect du confinement ou d’inciter à la rébellion.

Contestation
Il se peut que les forces de l’ordre vous verbalisent à tort et n’aient que faire de vos explications.
Si toutefois vous veniez à vous faire verbaliser sur votre vélo alors que vous êtes en règle vis à vis du décret, veillez à bien vérifier de faire noter tous les éléments qui permettront de faire valoir votre contestation.
Par exemple, si vous êtes verbalisé pour l’utilisation de votre vélo lors d’un déplacement pour un motif qui n’est pas lié à l’activité physique, veillez à ce que les forces de l’ordre indiquent "utilisait son vélo pour aller travailler", "utilisait son vélo pour aller faire des achats de première nécessité",...
Si vous êtes verbalisé pour l’utilisation de votre vélo lors d’une sortie dérogatoire liée à l’activité physique, veillez à ce que les forces de l’ordre indiquent bien le lieu précis de la verbalisation et l’heure exacte afin de prouver lors de votre contestation que vous étiez bien dans le respect du décret.

Vous aurez alors 90 jours pour contester sur le site https://www.antai.gouv.fr ou par voie postale.

Au final, le vélo est autorisé comme moyen de transport sans limite de distance et de durée mais interdit dans le cadre de la pratique d’une activité physique ou d’une activité de loisir.
Nous vous invitons à bien respecter le confinement afin que nous sortions au plus vite de cette crise et puissions à nouveau arpenter les routes dans le cadre d’une activité sportive ou de loisir.
En attendant, si les distances de déplacement sont inférieures à 1km et que vous n’avez pas de contre indication, nous vous conseillons de marcher. Pour les distances supérieures, vous pouvez bien sûr prendre votre vélo.
Enfin, nous pensons que le vélo devrait avoir une place de choix après le confinement. Ce sera un outil précieux de sortie de crise, qu’il s’agisse de la crise sanitaire ou de la crise économique. Nous comptons sur les élus locaux et sur les service de l’état en place pour faciliter l’utilisation vertueuse du vélo comme moyen de sortie de la crise.
Nous espérons qu’ils sauront innover et n’hésiteront pas à utiliser de nouveaux outils comme l’urbanisme tactique dont il est question dans l’article d’Eric Vidalenc sur le blog de Matthieu Chassignet.

Luc RELIGIEUX
administrateur Droit au Vélo - ADAV
correspondant local pour Hellemmes