Lille, le jeudi 30 septembre 2004
Madame Martine AUBRY,
Maire de Lille
Hôtel de Ville
Place R. Salengro BP 667
59033 LILLE
Madame le Maire,
Les contresens cyclables contribuent fortement à améliorer la sécurité des cyclistes et des autres usagers. Toutes les études l’ont démontré aisément et de nombreuses villes européennes ont généralisé ce type d’aménagement (80 à 100 % des rues à sens unique dotée de contresens). Jusqu’à présent, la Ville de Lille n’a réalisé prudemment qu’une quinzaine de contresens de type bande cyclable et vient de tenter de réaliser son premier contresens de type cohabitation dans une zone où la vitesse des véhicules est limitée à 30 Km/h.
Si pour commencer le choix de la Ville s’est porté sur la rue d’Angleterre, malgré les réserves émises par l’ADAV, Lille ne peut pas renoncer pour autant à ce type d’aménagement et encore moins à sa politique cyclable. En France, les contresens de type cohabitation sont très répandus à Strasbourg. Il en existe également dans d’autres villes (Nantes, Rennes, Douai...) et surtout, depuis l’été 2003, une trentaine à Bordeaux, dans le centre historique, où pourtant ne circulent pas plus de cyclistes qu’à Lille.. Enfin, Paris a obtenu au printemps dernier le feu vert de la Préfecture de Police pour multiplier les expérimentations de tels contresens.
Comme dans les autres grandes villes, la population lilloise est très favorable à des aménagements cyclables. Un sondage SOFRES réalisé en septembre 1997 auprès d’un échantillon représentatif de 1800 individus de 15 ans et plus de la CUDL a révélé que 55 % des habitants de la métropole possèdent un vélo et que 82 % des personnes interrogées souhaitaient une augmentation des "itinéraires réservés aux vélos" au nombre desquelles 48 % jugeaient cette action prioritaire, avant l’augmentation des places de stationnement dans les rues, l’élargissement des trottoirs et l’augmentation des voies réservées aux bus (enquête SOFRES - CUDL, 1997).
Il conviendrait de s’appuyer sur ce genre de résultats - ou mieux de les actualiser en réalisant une nouvelle enquête - et de mieux expliquer la politique de déplacement poursuivie par la Ville, pour museler ceux qui accaparent la scène médiatique en s’opposant aux aménagements cyclables et aux efforts de modération de la circulation pourtant indispensables pour améliorer les déplacements, la sécurité et la qualité de vie, non seulement des cyclistes, mais aussi de tous les Lillois.
C’est ce qu’a déjà fait plusieurs fois le Maire de Paris avec succès. Des enquêtes d’opinion concernant la réalisation des premiers couloirs bus et tout récemment sa politique de réduction du trafic auto ont permis de révéler l’appui massif des Parisiens à de telles options et de réduire du même coup les critiques pourtant toujours très virulentes dans cette ville.
Il nous paraît essentiel que votre politique reste en phase avec les aspirations profondes de la population, et en cohérence avec les décisions prises ces dernières années en faveur d’une meilleure répartition de l’espace urbain entre les différentes catégories d’usagers.
C’est pourquoi, nous vous demandons de nous accorder rapidement un entretien à ce sujet.
Dans l’attente de votre réponse, soyez assurée, Madame le Maire, de notre très haute considération.
Benoît COUSIN,
Président de l’ADAV