Il y a quelques semaines, les unes des journaux locaux rappelaient le niveau extrêmement élevé de la pollution de l’air dans l’agglomération lilloise, celle-ci étant deuxième au classement national, derrière Marseille ! La Ville de Paris, qui n’est « que » 7e dans ce classement de l’Institut National de Veille Sanitaire, a récemment pris des mesures radicales puisque les 9 et 10 février, le Conseil de Paris s’est prononcé pour l’élaboration d’un plan de lutte contre la pollution de l’air, salué par les associations représentant les piétons, les cyclistes et les usagers des transports en commun aux niveaux local et national.
Parmi ces mesures volontaristes, plusieurs portent sur le développement des modes actifs et la limitation de l’espace dédié à la voiture :
- Modes actifs : garages vélos sécurisés, doublement du linéaire de voies cyclables, plan piéton, traitement des continuités piétonnes et cyclables entre Paris et les communes voisines, accompagnement des copropriétés pour la création de garages à vélos...
- Apaisement de la circulation : généralisation des Zones 30, extension des Zones de rencontre, création de Zones à Circulation Restreinte, extension des zones « Paris Respire » et création de « Rues aux enfants », politique de logistique urbaine du dernier kilomètre...
- Amélioration des transports collectifs : prolongation du T3, nouvelles lignes bus à haut niveau de service, nouvelles liaisons vers le périurbain, augmentation de l’amplitude nocturne du métro, création d’un centre de mobilité ...
- Faire de Paris une Zone à basse émission par des restrictions de circulation applicables aux véhicules les plus polluants…
- Traitement des pics de pollution...
- Échelle métropolitaine comme territoire pertinent pour la lutte contre la pollution...
D’ici quelques mois, les budgets Transports vont être votés au niveau de la Métropole Européenne de Lille. Il est urgent et indispensable de mettre la priorité sur des mesures qui accompagneront le changement de comportement des habitants de l’agglomération lilloise sur le long terme en matière de déplacements.
Concernant le vélo, le rapport de l’étude Vers une métropole cyclable 2020 livrée en 2014 rappelle la nécessité d’un budget d’un minimum de 75 millions d’euros pour traiter l’ensemble des coupures urbaines (ruptures de continuités notamment provoquées par les infrastructures routières, ferroviaires et fluviales) encore existantes à l’échelle de l’agglomération. Cela représenterait un budget sur le mandat de 12 millions d’euros par an, soit moins de 15€ par an et par habitant, minimum requis pour mener une politique cyclable de qualité.
Les maires des communes auront également un rôle à jouer dans la redistribution de l’espace public au bénéfice des piétons et cyclistes afin d’en faciliter et d’en encourager l’usage. S’il fallait encore les convaincre de la nécessité de proposer des aménagements de qualité, les comptages effectués par Droit au vélo depuis plusieurs années montrent clairement que lorsque des aménagements dédiés sont réalisés et la place accordée à la voiture réduite, la part du vélo s’envole (doublement en 5-6 ans), bien au-delà de l’hyper-centre comme c’était le cas il y a encore quelques années (voir en bas de page).
Si nous voulons atteindre l’objectif de 10% de part modale du vélo d’ici à 2020, inscrit dans le PDU lui-même rendu obligatoire par la loi sur l’air de 1996 et voté en 2010 par une majorité d’élus dont les mandats ont été renouvelés au printemps dernier, il va falloir changer de braquet !
Droit au vélo demande que le budget consacré par la Métropole Européenne de Lille au développement du vélo atteigne au moins 15 euros par an et par habitant sur ce mandat (en plus du budget V’lille) afin de résorber toutes les ruptures du réseau cyclable et ainsi permettre au vélo d’être une réelle alternative à la voiture sur les courtes distances (pour rappel, plus de la moitié des déplacements réalisés à l’échelle de l’agglomération lilloise font moins de 5 km !)
NB : la part du vélo est passée de moins de 1% sur Liberté en 1999 à plus de 15% en 2014 et 5% sur Nationale en 1999 à plus de 30% en 2014
NB : sur Armand Carrel, la part du vélo est passée de 5% en 2007 à 12% en 2014