Un déplacement à vélo commence et se termine par le stationnement !

Droit au vélo défend depuis les débuts de son action militante la nécessité de fournir aux cyclistes des conditions optimales de stationnement sécurisé de leurs montures, le vol étant l’un des premiers freins à leur utilisation. Les estimations portent le nombre de vélos volés en France à 400 000 par an, dont près de la moitié sur des espaces privés, en raison d’équipement absent ou inadapté.

Réglementairement, une avancée notable a fait son entrée en 2012 en France par l’obligation d’intégrer un minimum de places de stationnement sécurisé dans les nouvelles habitations.

Arrêté du 20 février 2012 relatif à l’application des articles R. 111-14-2 à R. 111-14-5 du code de la construction et de l’habitation

Article 3
_ L’espace destiné au stationnement sécurisé des vélos prévu aux articles R. 111-14-4 et R. 111-14-5 du code de la construction et de l’habitation doit être couvert et éclairé, se situer de préférence au rez-de-chaussée du bâtiment ou à défaut au premier sous-sol et accessible facilement depuis le(s) point(s) d’entrée du bâtiment.

Il possède les caractéristiques minimales suivantes :

 pour les bâtiments à usage principal d’habitation, l’espace possède une superficie de 0,75 m² par logement pour les logements jusqu’à deux pièces principales et 1,5 m² par logement dans les autres cas, avec une superficie minimale de 3 m² ;

 pour les bâtiments à usage principal de bureaux, l’espace possède une superficie représentant 1,5 % de la surface de plancher.

Cet espace peut être constitué de plusieurs emplacements.

Qu’il s’agisse de stationnement de courte ou de longue durée, il est indispensable que les collectivités s’emparent de cette problématique pour proposer une offre adaptée aux différentes nécessités. La situation est très disparate dans notre région. Petit tour d’horizon :

arceaux à Lille

Vitrine régionale indiscutable, la Ville de Lille a ouvert la voie dès le milieu des années 1990 en étant alors la première à installer des arceaux. À partir de 2001 on passe à une autre échelle avec l’adoption d’un budget spécifique à l’implantation de supports, environ 400 par an, d’abord sous la forme de « U » renversés, et plus récemment de poteaux munis de deux ailettes. En étroite collaboration avec Droit au vélo, les installations se font principalement en fonction des demandes exprimées par les usagers, régulièrement sollicités pour indiquer les manques constatés sur leurs lieux de destination. L’une de nos priorités est la réalisation de stationnement sur des places réservées aux voitures, d’autant qu’il s’agit là d’une recommandation de l’État, et ce pour deux raisons :
 favoriser la redistribution de l’espace public au détriment de la voiture et non du piéton, nos demandes concernant essentiellement la neutralisation d’emplacements réservés aux automobiles ;
 permettre aux cyclistes un accès rapide au stationnement, en leur évitant de parcourir les derniers mètres sur le trottoir, source de gêne pour les piétons.
La programmation de solutions de stationnement de longue durée pour les Lillois qui n’ont pas la possibilité de stocker un vélo chez eux, annoncée il y a quelques années mais toujours en attente, apparaît comme un chaînon manquant indispensable. Suite à un concours de design lancé par la Ville, des projets intéressants sur le papier avaient vu le jour, mais aucune réalisation ne s’est pour l’instant concrétisée. Des initiatives citoyennes tentent de combler ce vide, comme l’exemple de cyclistes d’un quartier de Lille qui se sont regroupés pour louer un garage et y entreposer leurs vélos (voir article Vélo cherche garage dans l’HeurOvélO 69).

D’autres villes ont bien compris l’enjeu, et commencent à mettre en œuvre une politique de stationnement vélo, qui nous l’espérons gagnera en ambition ces prochaines années.

Dunkerque propose une offre encore inégalement répartie, et ne procède pour l’instant qu’à des réalisations sur trottoir. Des projets sont en cours pour les implanter sur la voirie en neutralisant là aussi des places de stationnement automobile.

Arras systématise les réalisations à proximité des lieux publics, et prévoit de diffuser sous peu, par l’intermédiaire des vélocistes présents sur son territoire, un formulaire de demande qui s’adressera à tous les cyclistes afin de mieux identifier leurs attentes.

Plus récemment, La Madeleine s’est lancée dans la réponse au manque de place dans les habitations en proposant du stationnement résidentiel sécurisé. Des signes d’ouverture en faveur du vélo étaient déjà apparus avec la mise en place d’une aide à l’achat d’antivol en « U » de qualité pour les habitants. Malheureusement, là non plus, il n’est pas encore question d’installer des supports sur la voirie, par souci de ne pas supprimer de places de stationnement automobile.

Villeneuve d’Ascq est la ville qui a certainement « testé » depuis 15 ans le plus de dispositifs, tous plus onéreux les uns que les autres, souvent inadaptés pour s’y accrocher avec un U. Suite à nos conseils elle a récemment adopté le modèle d’arceau de la ville de Lille.

De manière générale, hormis à Lille, l’offre en stationnement est encore très insuffisante dans nos villes quand elle n’est pas tout simplement inexistante. Stationner un vélo demande souvent une longue recherche en quête d’un poteau ! Des villes comme Roubaix et Tourcoing totalisent chacune à peine 300 arceaux pour des populations proches de 100 000 habitants… à comparer aux 3 000 arceaux de Lille (230 000 habitants) dont l’implantation se poursuit au rythme de 400 par an.

Mais nous sommes encore loin des 1 200 arceaux installés sur la Communauté urbaine de Strasbourg chaque année, totalisant ainsi plus de 20 000 supports implantés sur l’espace public.

Si l’implantation du mobilier urbain est du ressort des villes, Lille Métropole encourage les villes à étendre leur offre. Un grand pas a été franchi en 2011 avec l’intégration dans l’appel d’offres du service V‘lille (vélos en libre-service et location longue durée) du déploiement de 1 000 arceaux de stationnement de courte durée aux principales stations de métro, de tram et de bus à répartir sur l’ensemble des 85 communes de l’agglomération. La dotation d’arceaux pour chaque commune doit servir de déclencheur pour les inciter à s’équiper correctement et pour certaines à enfin bannir les obscurantistes pince-roues que l’on rencontre encore bien trop souvent.

plie-roue

Au delà, Lille Métropole doit réaliser 29 abris-vélos (de même type que les Vélopoles déjà présents depuis plusieurs années à Armentières et Quatre-Cantons notamment) répartis sur le territoire à proximité des métros, trams et lignes de bus à haut niveau de service.

En région, on a pu voir fleurir de nombreuses unités de stationnement sécurisé aux abords des gares TER mais la complexité des relations entre la Région, RFF, la SNCF et parfois les villes ou l’agglomération amène à ce jour à des situations pour le moins paradoxales.

abri-vélo TER

Ainsi la majorité des gares principales qui concentrent le plus grand nombre de voyageurs restent totalement sous-équipées (Valenciennes, Dunkerque, Lens …) et parallèlement une offre surdimensionnée existe pour certaines petites gares (celles de la ligne 14, rénovée entre Arras et Saint-Pol-sur-Ternoise).

P.-S.

 

Cet article est initialement paru dans le numéro 71 de L’HeurOvélO (janvier 2013).

Le guide du stationnement (document ADAV – 2009) :