Printemps des poètes... à vélo 2006

La huitième édition du Printemps des poètes se déroule du 4 au 12 mars 2006 sur le thème Le Chant des Villes.
N’hésitons pas à proposer des textes sur la petite reine.
Comme on le lira ci-dessous, de grands ancêtres ont tracé la voie...



La bagnole et Chtivélo

La bagnole ayant roulé
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la crise fut venue :
Plus un seul petit courant
D’essence ou de carburant.
Elle alla crier besoin
Chez Chtivélo, son voisin,
Le priant de lui prêter
Un bidon pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Dès avril, foi de bagnole,
Deux cents litres de pétrole. »
Chtivélo n’est pas débile :
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-il à l’automobile.
- Nuit et jour à tout venant,
Je polluais à mon aise.
- Vous polluiez, c’est balaise !
Pédalez donc, maintenant. »

Jean de la F.


Demain, vélo...

Demain, vélo. À l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Je sais, personne ne m’attend.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis rester sans pédaler plus longtemps.

Je roulerai les mains posées sur le guidon,
Pour tout voir au dehors, entendre chaque bruit,
Seul, tournant les jambes, sifflant une chanson,
Joyeux, le jour pour moi sera sans un ennui.

Je pourrai contempler l’or du soir qui descend,
Et les nuages au loin filant sur Armentières,
Et quand j’arriverai, affamé, haletant,
J’engloutirai des frites, et deux chopes de bière.

Victor H.


Les vélos

Seigneur, quand froide est la mairie,
Quand, dans les quartiers abattus,
Les longs carillons se sont tus...
Sur la commune défleurie
Faites s’abattre sur la terre
Ces chers vélorutionnaires.

Armée étrange aux cris bizarres,
Les vents froids attaquent vos mains !
Vous le long des maisons carmin,
Sur les routes aux vieux radars,
Sur les pavés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !

Par milliers, dans les rues de France,
Où crachent des autos d’hier,
Tournoyez, n’est-ce pas l’hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre fougueux vélo noir !

Mais, maîtres, en haut du beffroi,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez la bicyclette en mai
Pour ceux qui traînent sans effroi
Dans Lille d’où l’on veut s’enfuir,
Vélorution de l’avenir.

Arthur R.