Lille : l’histoire du double-sens cyclable qui n’aura soufflé qu’une bougie (ÉPISODE 2)

Quelques jours après l’article que nous avons publié au sujet de la « suppression » (il s’avèrera après coup qu’il s’agit « seulement » d’une suspension), nous avons été contactés par le cabinet du maire pour nous informer que Mme Aubry souhaitait nous rencontrer pour échanger à ce sujet et sur la politique cyclable de la Ville en général.

Une délégation de trois représentants de l’association, composée du secrétaire, du directeur et du chargé de suivi de la politiques cyclable de Lille, a donc rencontré Mme Aubry, qui regrettait que cette entrevue se fasse dans ces conditions et qu’elle comptait nous inviter à échanger avec elle depuis un moment, mais que pour des raisons de calendrier cela n’avait malheureusement pas été possible.

Il a d’abord évidemment été question de la suspension du double-sens cyclable de la rue du Lieutenant Colpin. Des problèmes de cohabitation entre piétons et cyclistes ont été directement remontés au maire par les riverains. Il s’agit de certains cyclistes arrivant rapidement de la contre-allée de la Façade de l’Esplanade qui ont eu pour conséquence des accrochages avec des piétons qui avaient la priorité au moment de la traversée. Nous avons donc proposé la création d’une avancée de trottoir qui obligerait les cyclistes à ralentir avant d’arriver au niveau du passage piéton, de façon à faciliter physiquement le respect de cette priorité tout en offrant plus de sécurité, de place et de visibilité aux piétons cantonnés jusqu’à présent sur un trottoir minimaliste.. Cet aménagement devra être réalisé en concertation avec la MEL, et devrait pouvoir être créé rapidement. Nous avons insisté sur l’importance stratégique de Lille, vers laquelle tous les regards convergent au niveau régional dès qu’il s’agit du vélo : toute suppression d’un aménagement cyclable sert d’argument aux élus pour justifier leur refus d’en créer à l’échelle de leur territoire…

Au vu des progressions du nombre de cyclistes comptés à Lille et autour, encore une fois confirmées par le dernier baromètre semestriel réalisé en collaboration avec le Cerema, qui a été remis en mains propres au maire, nous avons pu rappeler notre soutien au plan de circulation modifié en 2016, et notre regret qu’il n’ait pas été étendu à l’ensemble de la ville. Cette extension permettrait la création d’aménagements cyclables sur des axes structurants pas suffisamment larges sans toucher aux flux de voitures actuels et aux voies qui leur sont dévolues (rues d’Arras, d’Artois, de La Bassée, des Postes, Royale, de Solferino, de Turenne…), comme cela a pu être fait dans de nombreuses villes néerlandaises, et serait une réponse appropriée aux nombreuses demandes révélées par le bilan de la consultation proposée par la FUB fin 2017.
Axes nécessitant une redistribution de l'espace afin de couper leur aspect traversant pour les automobilistes et assurer une continuité aux cyclistes
Axes nécessitant une redistribution de l’espace afin de couper leur aspect traversant pour les automobilistes et assurer une continuité aux cyclistes

Nous avons convenu de relancer une collaboration plus étroite afin d’éviter que des situations de ce genre ne se reproduisent, et auxquelles il est bien souvent possible de trouver une solution qui passe par la concertation...

La suite au prochain épisode !

Sébastien Torro-Tokodi
Chargé de suivi des politiques cyclables
@sebatokorodi