Immeubles « cyclistes admis » ou avec vélos sur balcon ? PARKING VÉLO

Droit au vélo est de plus en plus invité à remettre des avis sur des aménagements cyclables à créer sur de nouvelles voiries dans le
cadre des projets de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Ceux-ci consistent souvent à reconfigurer totalement
des quartiers (nouveaux immeubles à la place de tours, et nouvelles voiries). Si les concepteurs pensent à intégrer le vélo
sur la voirie, ils oublient en général les stationnements pour les vélos dans les immeubles. À quoi bon faire des aménagements
cyclables si les cyclistes actuels ou futurs n’ont pas de parking vélo sécurisé ?

La Loi LAURE (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie) prend en compte les aménagements cyclables lors des rénovations de voirie, mais oublie le stationnement vélo dans les nouveaux immeubles. En tout, il y a environ 30 projets ANRU dans le Nord– Pas de-Calais dont 9 sur Lille Métropole.

L’article 12 des PLU (Plans Locaux d’Urbanisme) reprend les normes en matière de stationnement vélo pour les immeubles neufs. Aujourd’hui, cet article est dépassé de par les normes appliquées (insuffisantes), mais aussi de par l’absence de normes sur la qualité des parkings à vélos réalisés. En général, beaucoup de PLU ne reprennent comme norme que 3 m² par immeuble ou pour 2-3 logements alors qu’il faudrait au minimum un emplacement vélo par appartement. C’est pourquoi, il est fréquent de voir des vélos parqués sur les balcons des nouveaux immeubles sociaux ou privés. La preuve donc que le stationnement des vélos n’a pas été pensé avant la construction. Or l’on sait qu’il est extrêmement difficile de modifier les immeubles après construction.

Nouveau logement avec 4 vélos au balcon chez Pas de Calais habitat à St Laurent Blangy

Le CORAC Suisse (Conférence suisse des responsables en aménagements cyclables) est plus généreux. Il prévoit un emplacement par chambre. C’est à dire 2 m² par vélo (1 m² pour se garer + 1 m² pour les manœuvres). L’ADAV demande comme Vélocité à Bordeaux une évolution des normes des PLU afin que les nouvelles règles permettent d’obtenir des locaux à vélos sûrs et de qualité (local fermé, facile d’accès avec des supports permettant d’accrocher le cadre du vélo). Il y a urgence.

Dans le logement ancien du cœur de ville, Bordeaux aide déjà à la réalisation de locaux vélos. Tout propriétaire qui dans le cadre de la réhabilitation d’un immeuble à appartements réalise un local à vélos touche une prime forfaitaire de 1 000 euros de la mairie et de 1000 euros de la communauté urbaine. Une cinquantaine de ces locaux ont d’ores et déjà été réalisés (chiffres de 2006). Une idée pour les adjoints ou vice-présidents en charge de l’écologie ? On donne bien des primes pour des panneaux solaires ou l’isolation des immeubles, alors pourquoi pas pour des locaux à vélos ? En terme de réduction des rejets de CO2, c’est un investissement très rentable (Kyoto).

Transport d’un vélo dans un ascenseur de 4 places

Les sociétés de logement social devraient montrer l’exemple et rénover les logements en tenant compte des cyclistes. Mais cela n’est pas le cas. Monsieur vélo du CETE (Centre d’Études Techniques de l’Équipement) a questionné les sociétés de logement social sur le stationnement vélo dans les HLM. Les bons exemples sont rares et certaines sociétés ne répondent même pas à l’enquête. Bien que beaucoup de sociétés réalisent des baromètres de satisfaction, elles ne posent pas la question du stationnement vélo. Dans le meilleur des cas, et ils sont rares, on ne trouve que des locaux trop petits avec des plie-roues.

Faute de locaux vélos/poussettes sécurisés et spacieux, les vélos sont entreposés sur les balcons des immeubles. Monter son vélo au 3e
étage par l’escalier ou l’ascenseur (en le mettant verticalement) n’incite pas les locataires à utiliser le vélo comme moyen de déplacement. L’accès au vélo est alors inégalitaire. Faute de stationnement vélo sécurisé, le public défavorisé n’a pas accès au vélo comme mode de déplacement quotidien.

Vienne, comme d’autres villes en Europe, a vu ces dernières années une croissance importante du nombre de ses cyclistes. Aussi, la municipalité a-telle décidé de construire un immeuble spécialement
adapté à leurs besoins : c’est « Bike City ». Commencé en 2006, l’immeuble a été inauguré il y a quelques mois. Composé de 99 appartements, il possède la particularité d’avoir 300 places de stationnement vélo contre… 56 emplacements automobiles ! Et pour ceux qui préfèrent emporter leur vélo dans leur appartement, des ascenseurs extra-larges ont été prévus pour qu’ils puissent y transporter facilement leurs deux-roues. Et ce n’est pas tout : les cyclistes ont également accès, au rez-de-chaussée, à une série de services tels que location, réparation, espace de détente et un magasin. Inutile de dire que les appartements ont été pris d’assaut…

Le succès des éco-quartiers tels que celui de Vauban à Freiburg im Breisgau témoigne largement du fait qu’il est possible de construire
des quartiers sans voiture. Si de tels projets d’éco-quartier sont en gestation un peu partout dans le Nord – Pas-de-Calais, la composante
« quartier sans voiture » est souvent oubliée des projets. Pourtant, créer un habitat dense avec parking auto au rez-de-chaussée est bel
et bien un non-sens écologique.

Enfin, la solution du vélopartage n’est qu’une solution imparfaite et insuffisante à ce problème du manque de stationnement vélo à domicile. En effet, sans une généralisation de bons stationnements pour les vélos, nous n’arriverons pas à développer la culture du vélo. Tout le monde n’a pas la possibilité de s’acheter un vélo pliable de grande marque du type Brompton pour rentrer son vélo chez soi...