VOUS voyagez en train et vous souhaitez emporter votre vélo, pour des vacances itinérantes ou un déplacement professionnel ? Ce désir apparemment bien innocent va vous conduire au cœur du maquis réglementaire que la SNCF a conçu pour vous en faire passer l’envie !
N.B. Ce qui suit ne concerne pas les vélos pliants (du type Brompton) qui sont en principe considérés comme des bagages à main et dont l’embarquement ne devrait pas poser de problème, mais qui sont peu adaptés aux longues randonnées.
Trains régionaux
Essayons d’y voir clair en commençant par le plus simple :
le transport des vélos non démontés dans les TER de la région Nord - Pas-de-Calais (et de plusieurs autres régions) est gratuit.
Exception : en ce qui l’accès des vélos aux TER à grande vitesse (TER-GV), pourtant équipés d’un compartiment-vélos (!), la situation est proprement inextricable : consulter l’article.
À noter que les fiches horaires du TER Nord - Pas-de-Calais mentionnent (depuis l’édition de décembre 2007) les gares équipées d’un abri pour vélos.
Par ailleurs, le transport des vélos est autorisé gratuitement dans le tramway entre Lille et Roubaix-Tourcoing, sous certaines conditions : voir ici.
Grandes Lignes et TGV
Abordons le cas des TGV et trains Grandes Lignes, et supposons pour commencer que vous souhaitiez voyager avec votre vélo non démonté dans un train pourvu d’un local aménagé à cet effet.
Où trouver l’information ?
Elle figure maintenant succinctement (mention Vélos acceptés) sur les petites fiches horaires, avec de nombreuses inexactitudes ; pour de mystérieuses raisons, le guide TGV-Nord n’est pas paru lors des derniers changements de service. Quant au dépliant Train + Vélo , dont la dernière version remonte à juin 2006, la SNCF a indiqué qu’il ne serait plus réédité.
Les renseignements proposés à partir du portail velo.sncf.com étant toujours très incomplets et rarement mis à jour, on pourra patiemment chercher, train par train, sur l’inénarrable site voyages-sncf.com, d’une lenteur et d’une convivialité désespérantes ; un pictogramme vélo indique les trains acceptant les vélos avec, selon le cas, l’infobulle transport de vélo ou transport de vélo payant.
En fait, les meilleurs renseignements et correspondances horaires (hors TGV) pour qui veut voyager en France et en Europe en emportant son vélo seront obtenus sur le site des chemins de fer allemands bahn.de.
Ci-dessous, un bref panorama de l’offre disponible pour les nordistes :
- Tous les trains Corail Maubeuge-Paris et Boulogne-Paris acceptent gratuitement les vélos.
- Pour les trains suivants, le transport du vélo est payant (10 €) et il faut réserver. Dans les TGV, il y a quatre places par rame (voitures 8 et 18) :
- la plupart des TGV Lille-Paris ;
- tous les TGV Arras-Paris, Valenciennes-Paris, Dunkerque-Paris, Boulogne-Paris et Calais-Paris (sauf les Eurostar) ;
- de nombreux TGV Atlantique : Lille-Rennes(-Quimper), Lille-Nantes(-Le Croisic), Lille-Poitiers-Bordeaux-(Toulouse ou Hendaye) ;
- le TGV Lille-Besançon (certains jours) ;
- le train de nuit 4208 Corail Lunéa Lille-Nice (mention omise sur les fiches horaires).
- Les TGV-Est Lille-Strasbourg (mis en service le 10 juin 2007) disposent d’un espace-vélo aménagé dans les voitures 1 et 11, en seconde classe ; cet espace peut accueillir jusqu’à quatre vélos, et leurs propriétaires sont installés à proximité.
- Une possibilité intéressante est de se rendre à Namur depuis Lille (un train chaque heure, vélos admis (prix : 5 €), s’adresser au contrôleur), puis d’emprunter le train quotidien Eurocity EC 91 Bruxelles-Zürich (vélos admis sur réservation, prix : 9 €) ; on peut ainsi rejoindre Metz, Strasbourg, Mulhouse, Bâle...
Malgré tout, il faut continuer à déplorer que :
- Aucun TGV au départ de Lille vers le Sud-Est n’accepte encore les vélos non démontés, ni aucun TGV au départ de Bruxelles vers la France (au grand désespoir de nos amis belges !)
- Il est toujours impossible de réserver sur Internet une place pour sa petite reine, et pas davantage dans les distributeurs automatiques.
Eurostar et Thalys
Les vélos démontés et emballés sous housse (dimension maximale 120 x 90 cm) sont maintenant acceptés à bord des Thalys, mais l’aménagement d’espaces-vélos dans les rames se fait toujours attendre (lire l’article).
Les vélos sous housse avec roues démontées sont acceptés comme bagages à main dans les casiers à bagages des Eurostar. Il est aussi possible avec Eurostar d’expédier un vélo en bagage enregistré (coût : 25 €) ; il est alors éventuellement possible de voyager dans le même train que son vélo.
Expédier son vélo ?
Supposons maintenant que le TGV ou le train Grandes Lignes que vous souhaitez emprunter ne dispose pas, et c’est malheureusement trop souvent le cas, d’un compartiment vélos. Que faire ?
Vous pourriez envisager de faire appel au Service Bagages de la SNCF (SERNAM) ; nous déconseillons fortement cette solution pour quatre raisons :
- les tarifs insensés (39 € ou 49 €) ;
- les délais trop longs et le manque de fiabilité (retards fréquents) ;
- le tarif de base (39 €) concerne le transport d’agence SERNAM à agence SERNAM : or ces centres sont peu nombreux et souvent éloignés des gares (par exemple à Lille) ; quant au tarif de 49 € (de porte à porte ou de gare à gare), les délais sont encore plus longs ;
- enfin, les plages horaires d’ouverture des agences SERNAM ou des services bagages dans les gares sont trop restreintes.
Cela fait d’ailleurs de nombreuses années que, par sa politique tarifaire et l’insuffisance du service rendu, la SNCF semble vouloir se débarrasser de l’activité « bagages enregistrés ».
Emballer son vélo
L’autre solution consiste à emballer son vélo :
« Votre vélo, préalablement démonté et rangé sous housse (dimension maximale 120 x 90 cm), voyage gratuitement, en TGV et Corail de jour dans les espaces bagages. »
Cela, c’est la propagande officielle, qui ajoute trompeusement qu’il suffit de démonter la roue avant.
Allons voir dans un magasin de sports ; la plupart des modèles de housses en vente sont :
- chers ;
- aux dimensions SNCF, c’est-à-dire 1m20 x 0m90 ; autrement dit, seul un vélo « de course » peut s’y glisser en ne démontant que la roue avant : il faudra donc le plus souvent enlever les deux roues, démonter garde-boue, porte-bagages, etc.
- lourds et encombrants : pas très agréable de voyager avec ce paquet supplémentaire, ni de grimper les côtes ou les cols avec du lest !
Par ailleurs, votre vélo (démonté) sous housse doit en principe être placé dans les casiers à bagages
situés en bout de voiture. Si c’est le cas, il sera probablement vite recouvert à votre insu d’une ou deux valises de 30 kilos !... Et vous le récupérerez vraiment en pièces détachées ! Donc, ne jamais mettre votre
vélo dans ces casiers. À noter d’ailleurs que dans les TGV Duplex, la longueur des casiers n’est que d’un mètre, et qu’aucun vélo ne peut s’y loger...
Mais comment faire alors ?
La solution consiste à acheter une housse plus fine destinée à protéger les vélos des intempéries plutôt qu’ à les emballer : très légère, peu volumineuse, bon marché, et plus grande (environ 1 m 50 x 1m) ; on peut
si l’on veut y rajouter un zip ou des œillets pour la fermeture, ou même bricoler soi-même l’ensemble avec une bâche ou un drap. Votre vélo y rentrera alors sans problème en n’enlevant que la roue avant (que vous attacherez au tube horizontal du cadre), ce qui donnera à votre colis l’aspect réglementaire.
Mais où mettre le vélo, puisqu’il ne rentre pas dans les casiers à bagages ? Réponse : debout dans le couloir à côté des dits casiers. Au contrôleur suspicieux (mais nous n’en avons jamais croisé muni d’un double-mètre !), vous pourrez répondre que ceux-ci sont pleins (c’est pratiquement toujours le cas), et vous n’aurez pas
d’histoire.
Arrangez-vous pour surveiller du coin de l’oeil votre précieux bagage, surtout aux arrêts en gare, et, au besoin, donnez un coup de main aux voyageurs dont vous gênez l’accès aux casiers.
Ouf ! Vous voilà arrivés ! Bonne route !
Quelques liens utiles :
– www.railpassenger.info/ (pour voyager en Europe).
– Train et vélo en Allemagne, Belgique, Suisse.
– FUBicy. À lire notamment, l’étude sur l’intermodalité vélo-transports publics parue dans le numéro 80 de la revue Vélocité (mars 2005).
– FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports).